L’être humain aime agiter des icônes de tissu qu’il accroche au bout d’un mat ou d’un bâton. Ces matières mobiles sont dénommées drapeaux. Ils sont symboles d’identification visuelle et d’appartenance à des groupes. Certains sont élaborés et d’autres plus sobres, constitués de simples bandes de couleur donnant une information sommaire. Le traitement de l’information du drapeau est toujours déporté sur l’individu qui l’identifie. Les réactions aux signaux qu’il transmets sont variables allant d’une gestuelle précise ou le bras se lève vers la tête à une grimace faciale inexplicable.
Parmi les drapeaux, une exception qui s’improvise avec divers matériaux, un simple drap, un vêtement déchiré, un bout de tissu arraché, mais toujours de dominante blanche. Nous l’avons analyser comme un système global de renoncement. Le drapeau blanc est compris dans toutes les cultures comme un signal d’arrêt ou de suspension. Celui qui le porte veut informer celui qui le regarde qu’une différente communication doit être engagée. Il est parfois compris mais cette méthode, pauvre en information reste aléatoire et peu efficace.
Extrait du rapport GHJB3970 sur l’observation de la communication entre humain
« Ce soir, Alain a déchiré le drap d’une paillasse pour l’accrocher à une branche de charmilles grossièrement élaguée. Prudemment, il l’a dressé hors de la tranchée en sifflant « douce nuit ». De l’autre côté, celui des boches, on a vu alors la pointe d’une baïonnette habillée d’un mouchoir blanc s’élever timidement d’un trou d’obus. On s’était compris par delà la langue du feu et de la guerre. En ce soir de 24 décembre 1917, l’air glacé du front serait réchauffé par la magie de Noël. »
Extrait du journal de guerre de Paul Boulard, Editions des Humanités
Bruno Bonnell
Et aussi : Singularité 3/8 : hocher la tête