Yuval Noah Haraki, de l’université de Jérusalem, affirme que le lieu le plus intéressant au monde d’un point de vue religieux n’est ni la Syrie, ni la Bible Belt, mais la Silicon Valley où le Dieu tout-puissant et omniscient des religions traditionnelles est remplacé par des algorithmes tout-puissants et omniscients.
Nous sommes entrés dans une ère où, grâce aux vertus quasi-magiques des Big Data et de projections de performances, tout est techniquement envisageable : le robot humanoïde imitant parfaitement l’humain, l’exploitation minière des astéroïdes, le voyage spatial, l’homme éternel, … Toutes ces merveilles ne sont plus dans des magazines de science-fiction mais rationalisées dans les plus sérieuses revues scientifiques.
Il s’ensuit le modèle fantasmatique d’un monde dicté par l’évolution technologique qui impose des diktats de « ruptures » en pensant que des générations accepteront de s’y sacrifier.
Les signaux faibles de la naïveté de ce modèle sont nombreux : cette étude anglaise de l’université d’Oxford qui sacrifierait 47% des emplois actuels aux robots dans les 20 prochaines années, les affirmations de Ray Kurtzweil sur une intelligence artificielle qui dépasserait celle de l’homme d’ici 2050…
Autant de conséquences inacceptables pour les populations concernées qui gagneront la « résistance technologique » au nom de l’éthique ou de l’inexistence de solutions les concernant. L’évolution technologique ne se développe que si elle répond à un besoin ou à une demande sociétale forte : la bonne méthode consiste à les identifier.
Par exemple, la migration attendue de plus de 2 milliards de personnes d’ici 2050 vers la cinquantaine de mégalopoles du monde qui vont y émerger. Quelles seront leur organisation ? Comment vont-elles gérer leurs flux, leur mobilité, leur logistique ? L’assistance de robots, de véhicules robotisés ou de drones y sera très probablement indispensable.
Un autre exemple est l’accès aux soins dans un monde où la santé devient un droit universel et où les robots seront naturellement acceptés pour assister les hommes à en sauver d’autres.
Plutôt que de se perdre dans des rêves de futurs portant espoirs déçus et craintes, il y a une voie du succès de la robotique : écouter les questions d’un monde qui bouge et savoir y répondre en intégrant les machines autonomes.
Bruno Bonnell.
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