L’innovation, nouveau credo de toutes les entreprises, des politiques et des médias, se veut l’élixir de jouvence de l’entreprise, la voie de la croissance et la « Mappa Mundi » des marchés inexplorés. On voit ainsi fleurir des solutions, la plupart du temps numériques, qui révolutionnent les structures, les processus, les hiérarchies. On synthétise, on globalise, on rationalise jusqu’à épurer tellement qu’il reste des sociétés anorexiques, « lean and lean » , où l’humain semble oublié.
Le robot peut devenir le héros ou la victime de ces convictions simplistes : une machine savante, capable de remplacer avantageusement l’homme dans de très nombreux cas, est un graal économique mais aussi une bombe sociétale.
Avec en outre son intelligence artificielle, qui désormais s’impose au jeu de go contre le meilleur des humains, ses programmes neuronaux qui peignent et écrivent aussi bien que les artistes, sa capacité à traiter de prodigieuses quantités de données captées subtilement… Comment ne pas en faire le symbole ultime de la bataille du numérique contre le biologique ?
En conséquence, des craintes légitimes de perte de notre identité d’humain se réveillent, posant des questions sur une plus grande maîtrise des progrès techniques au nom du principe de précaution.
De la nécessité d’un cadre juridique
Si la robotique améliore, sans aucun doute, la compétitivité et augmente nos capacités, prenons garde à ne pas négliger son impact dans la société et à surveiller la juridiction qui l’encadrera.
Il ne faut pas exclure la possibilité d’un retour de bâton, d’un rejet technologique fort au nom de l’éthique ou de l’emploi, d’un carcan légal, arc-bouté sur sa tradition, qui limiterait les performances et les capacités de ces machines perçues comme des menaces de l’équilibre social.
Donner aux robots un cadre juridique souple pour assurer son intégration dans l’écosystème de l’entreprise est une priorité.
Les robots ne sont pas des outils standards car ils permettent de bouleverser les procédés et d’inventer de nouvelles méthodes. Il est essentiel d’établir des territoires d’expérimentations robotiques où des véhicules sans chauffeur pourront rouler ou des cobots travailler avec des techniciens humains.
Ces tests démontreront que les robots, loin de voler le travail des hommes, le révéle en le réinventant.
Bruno Bonnell.