L’acronyme IoM, pour « Internet of Me« , veut désigner la carte d’identité digitale d’un individu. Celle-ci regrouperait l’ensemble de ses données personnelles présentes sur Internet qui, dans une large majorité des cas, restent la propriété des sites visités. Ces ambiguïtés génèrent des attitudes paranoïaques, avec un tiers des internautes qui hésitent à donner leur véritable identité en ligne. En France, un effort louable a été fait avec la Loi pour une République numérique pilotée par Axelle Lemaire.
Mais, au-delà du légal, il est capital de faire prendre conscience à chaque personne non seulement de l’importance, mais aussi de la valeur de ses données personnelles. Ce qu’elle fait, dit, voit, lit, qui elle rencontre, écoute, où elle va sont autant de précieux matériaux pour l’analyse, qu’elle soit marketing, scientifique ou médicale.
Garder la maîtrise et la propriété de sa propre banque de données digitales est essentiel à plusieurs niveaux. Sur le plan éthique, tout comme le corps et l’esprit, toute décision concernant nos données digitales doit être exclusivement réservée à l’individu, qu’il s’agisse de les donner (comme on donne ses organes), de les vendre (comme on vend ses créations) ou de les transmettre (comme un héritage familial).
Sur le plan économique, la valeur des données doit profiter à celui qui les génère alors qu’aujourd’hui, elles sont des mines exploitées sans aucune compensation par des tiers (comme les GAFA). Des start-ups comme le français Dawex commencent à bousculer les codes en proposant des « marketplaces » où les propriétaires de données – aujourd’hui professionnels, demain particuliers – peuvent les monétiser en direct auprès de clients demandeurs.
Enfin, sur le plan prospectif, ne pas disposer librement de ses données digitales pourrait être un véritable frein à l’utilisation des objets intelligents et des robots.
Si on ne sait pas s’interfacer rapidement, grâce à son IoM, avec des systèmes tels qu’un robot de compagnie, un robot d’assistance médicale ou un robot éducatif, on risque de ne pas pouvoir profiter pleinement de ces nouveaux outils, et donc de se retrouver demain en situation d’inégalité numérique.
Bruno Bonnell – @BrunoBonnellOff