A ma droite, l’efficace QB de la société californienne Anybots, base mobile roulante, drôle de tête plate montée sur une barre télescopique et comprenant deux yeux ronds, un pour loger une caméra et l’autre un rayon laser destiné à pointer les objets à distance. AWAbot l’utilise pour remplacer les élèves malades à l’école ou explorer des endroits dangereux. A ma gauche l’élégante PEPPER créée par la société française ALDEBARAN pour le japonais SOFTBANK, chimère associant une base roulante, un torse humanoïde doté de deux véritables bras, et un visage expressif capable de voir en 3 D. Il veut conquérir les foyers et devenir le meilleur ami électronique de l’homme.
Le match des robots compagnons et collaboratifs entre dans l’ère du Design ! Leurs concepteurs doivent arbitrer entre l’utile à destination d’un usage précis comme la téléprésence ou l’assistance à distance, et l’agréable qui va constituer l’arme de séduction massive de la robotique : grand yeux expressifs, bras gracieux ou voix enfantine. Leurs marketeurs participent aussi à la bataille en soignant le vocabulaire de vente et de promotion des robots : « solidité, fiabilité, sécurité » commencent à alterner avec » émotion, interaction, simplicité ».
On masquait jusqu’à présent par le stylisme un manque de véritable utilité. Le chien robot de Sony, AIBO,ou PAPIRO de NEC ont fini par lasser leur fans conquis par leur style mais frustré par leurs capacités limitées. PEPPER, grande sœur de NAO, tente un autre pari. Intégrant que seules les fonctions identifiées et reconnues des robots les ferons adopter par les consommateurs, elle les met en avant et parle de « robot apps » pour montrer leur variété. Son design innovant est alors au service des usages qu’il peut rendre.
Sage position car, dans l’électronique grand-public, le beau ne fait qu’accélérer les ventes de produits qui remplissent une demande, même mal formulée. L’inutile, aussi agréable soit-il, n’a jamais construit d’industrie. La robotique de service n’échappe pas à cette règle de bon sens.
Bruno Bonnell
Et aussi : La robotique enfin libérée de Carel Kapek